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Objet: Létang
Date: 15 octobre 2007 18:30:40 GMT+02:00
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:: RENSEIGNEMENTS SUR UN MEDAILLE :: georges nicolas marc letang
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UN ASPECT PEU CONNU DU GENERAL LETANG
LE GÉNÉRAL ET SA ROSIÈRE
Le général porte un képi orné de feuilles de chêne et la rosière une couronne de roses. C'est que si tous les ans on fête une rosière à Meulan (Yvelines), c'est grâce au général baron Létang, celui là même qui a donné son nom à la célèbre promenade oranaise, ces jardins suspendus aux allées étagées, plantés de palmiers, pins, ficus, platanes mais aussi bougainvillées et géraniums, qui ont été créés en 1836 sur les glacis nord et ouest du Château Neuf, alors que le général Létang commandait la Division d'Oran. En 1837, le conseil municipal leur a donné son nom et en 1932 la promenade de Létang a été classée site historique par un arrêté du Gouverneur général (tout cela était rappelé sur place, dans une plaque en carreaux de faïence du céramiste Jorba, professeur à l'école des Beaux Arts). De ces balcons superposés on voit le massif du Murdjadjo avec le fort de Santa Cruz et la chapelle de la Vierge, le port et plus loin la mer qui moutonne, la pointe de Canastel et le cap de l'Aiguille, la Montagne des Lions...
C'était une figure militaire curieuse que Georges Nicolas Marc Létang. Dans " Mes souvenirs ", le général F. du Barail lui a consacré quelques pages : " Tout petit, les cheveux roux, il avait l'air d'un gamin et, pour augmenter encore cette apparence juvénile, il portait la veste ronde et la casquette plate dont on affublait en ce temps là les lycéens ", ce qui ne l'empêchait pas d'être violent, autoritaire et rageur... (E. Cruck, Oran et les témoins de son passé, Oran, Imprimerie Heintz Frères, vers 1956, p. 248). Au demeurant, un vaillant soldat.
Il naît donc à Meulan, en 1788, suit les cours de l'Ecole militaire de Fontainebleau et commence sa carrière, à la Grande Armée, comme sous lieutenant, en 1807 ; il la terminera comme lieutenant général (général de division), en 1845. Dans ses états de service (copie aux Archives de Meulan), on relève qu'il s'est battu en Prusse, Pologne, Espagne, Saxe, France, Belgique, Espagne et Belgique à nouveau et enfin en Afrique en 1832 et 1833, puis de 1835 à 1837. Il a été blessé cinq fois :coup de feu à la tête, coup de sabre au bras gauche, coup de pistolet à travers le corps, coup de feu à la hanche gauche, coup de feu au bas ventre, A vingt et un ans, il a déjà été touché trois fois et a eu cinq chevaux tués sous lui. Cité plusieurs fois à l'ordre de l'Armée pour sa belle conduite et pour des actions d'éclat, une ordonnance de 1825 lui concède le titre de baron, il est nommé sénateur en 1852 et fait grand croix de la Légion d'honneur en 1857.
En Algérie, il prend le commandement du 2e Régiment de Chasseurs d'Afrique en 1831 et le réorganise. Sa troupe est engagée notamment dans l'occupation d'Oran. A la suite de " difficultés administratives ", il est rappelé en France en 1833. Il revient en 1835, prend part à l'expédition de Mascara et Tlemcen, est blessé au combat de l'Habrah. A la tête de la Division d'Oran du 10 août 1836 au 13 janvier 1837, il dirige plusieurs expéditions et bat deux fois Abdelkader, mais sa dernière blessure l'oblige à rentrer en France. Pour autant il n'oublie pas l'Algérie à laquelle il consacre des publications : Des moyens d'assurer la domination française en Algérie, en 1840, et Résumé du système de M. le général Létang sur l'Algérie, en 1843 ; il siège par ailleurs au Comité consultatif de l'Algérie de 1850 à 1858.
Le samedi 8 avril 1995 les Meulanais avaient été invités à se rassembler devant la mairie pour la photo du siècle et le vernissage de l'exposition Meulan, 1884-1970. Mémoires. Ils furent 677 à venir, dont ... 22 rosières ; la plus ancienne avait été couronnée en 1942 et la plus récente en 1994. La suivante fut élue le 13 mai 1995. Dans le catalogue de l'exposition on remarque (p. 90) la rosière de 1929, au bras du maire, et la médaille qui lui avait été offerte par la Fondation général baron Létang. Les idées de la photographie et de l'exposition, cette mise à l'honneur de l'histoire sentimentale de Meulan, sont dues à P. J. Trombetta, archéologue de profession et conseiller municipal délégué aux Affaires culturelles.
La Donation par Mme la baronne Létang à la ville de Meulan est conservée aux Archives municipales. Elle a été signée par la baronne Hortense Létang, en la présence de sa fille Anna, mineure, seule héritière de feu son père, le 19 janvier 1867. On y apprend que le général " avait eu continuellement la pensée et le désir de faire la fondation annuelle d'une rosière dans le but de maintenir la jeunesse dans les bonnes mœurs, la piété filiale et le travail " (p. 2). D'où cette donation d'une rente annuelle et perpétuelle de cinq cents francs, à charge pour la ville de choisir chaque année une rosière parmi les jeunes personnes pauvres de dix huit à vingt cinq ans, habitant Meulan depuis dix ans au moins et qui réuniraient une conduite irréprochable et laborieuse à une soumission respectueuse envers leurs parents (p. 5).
La proclamation de la rosière ainsi que son couronnement devaient se faire et se font toujours en public, à l'Hôtel de ville et en présence des autorités municipales, comme le prévoit le texte de la donation. Naguère cependant la rosière, dans les trois jours de son couronnement et accompagnée d'une personne au moins ayant pris part à son élection, devait aller déposer " avec recueillement " sur la tombe du général, dans le cimetière de Meulan, une médaille portant ces mots : " Au général baron Létang, mademoiselle... rosière reconnaissante. Mil huit... " (p. 6). Aujourd'hui, si l'on fait toujours graver la médaille, on la donne à la rosière car on ne peut plus la déposer sur la tombe du général : Par ce vilain temps, comme disait Jacques Perret, on retrouve les médailles chez le brocanteur.
?Le général baron Létang mourut à Ath (Belgique) en 1864. Conformément à sa volonté, son corps fut inhumé à Meulan. H. Hennet conclut ainsi l'article nécrologique qu'il lui a consacré dans le Moniteur de l'Armée du 16 octobre 1864 :
" Commencée dans les grandes guerres de l'Empire avec un éclat exceptionnel, poursuivie avec de vifs éclairs dans les glorieuses luttes de la conquête de l'Algérie, cette belle vie militaire s'est terminée dans le rayonnement des plus hautes distinctions sociales " (p. 14).
La couronne de la rosière, qui distingue toujours la jeune fille la plus méritante de Meulan, en est une elle aussi.
CLAUDE BOURGEOIS in L'Algérianiste